La peur de mourir apprend à vivre
C’est la situation mondiale actuelle qui m’incite à poser les mots qui suivent.
Le COVID 19 sévit sur la planète en touchant de plus en plus d’humains, les laissant pantois d’impuissance face à leur souffrance puis à leur mort.
Certaines personnes ont pu croire être à l’abri de son influence en bravant les recommandations sanitaires officielles en allant sur des marchés bondés de monde, en continuant à aller s’amuser en foule ou ne pouvant se passer de relations amicales/familiales de groupe. Le résultat ne se fait pas attendre : une propagation plus rapide du virus.
Mais que nous faut-il pour comprendre, pour être plus matures ?
Depuis bien des années, ce qui m’a le plus appris à aimer la vie c’est la peur de mourir. Cette dernière est inscrite dans nos gènes les plus profonds. Elle est la base de la perpétuation de l’espèce animale.
J’aimerais aller plus loin sur le concept de peur.
J’entends par ce mot toutes les sensations qui vont de la simple inquiétude à la frayeur la plus totale. En fait je crois que la peur est un « sous produit » de l’instinct de survie, c’est une émotion issue de l’élan phénoménal de Vie. N’avez-vous jamais observé comment une toute petite plante verte peut parvenir à percer un revêtement de route goudronnée ? Comment un arbre peut-il se tenir debout contre une falaise de granit nu ? Comment un oisillon parvient à percer de son bec mou une coquille d’œuf ? Comment un être humain peut-il continuer à vivre malgré les sévices corporels et psychiques qu’il peut parfois subir ?
La force de Vie soutient tout, elle donne le souffle et donc le mouvement. Elle organise en donnant formes à la matière et à la non-matière (le mental). Des formes dont le changement s’opère plus ou moins rapidement, mais de manière inéluctable. Il suffit d’observer la nature pour se rendre compte de ce phénomène, et l’Homme a peut-être oublié qu’il est de la nature – il en est le produit. L’Homme est soumis aux mêmes règles que tout ce qui existe, et entres d’autres règles : celle du changement. Autrement dit, à un moment donné il va perdre son corps.
Les individus qui sont éloignés de leur ressenti corporel de base sont coupés de leur vraie nature. Ce que j’entends par ressenti corporel de base c’est le ressenti de la vivance, et qui n’a rien à voir avec l’idée d’être vivant.
Je vous propose un petit exercice qui ne durera que 5 minutes. Assoyez-vous de manière confortable mais pas avachie, ou allongez-vous dans un endroit de préférence sans nuisances sonores. Fermez les yeux et portez votre attention sur le sommet de votre crâne, puis au front, l’arête du nez. Prenez conscience de l’air qui passe dans les narines, des lèvres et des dents en arrière, le menton, la gorge…jusqu’aux pieds. Sentez et appréciez tout ce qui apparaît : les picotis de la peau, les vibrations en dessous d’elle, les tiraillements musculaires, les tensions, etc. Faites comme un scanner de tout votre corps, inspectez-en toutes les zones, tous les recoins jusqu’aux organes les plus profonds, les os, la moelle aussi. Ne tenez pas compte des interprétations mentales qui ne manqueront pas de surgir, orientez toute votre attention sur les sensations corporelles UNIQUEMENT. Il se pourrait bien que des émotions fassent leur apparition : laissez les vivre. Si vous parvenez à faire cet exercice au moins une fois par jour (et avec le confinement obligatoire actuel ce sera peut-être plus facile), vous sentirez sans aucun doute que quelque chose de différent va se manifester. Vous allez sentir votre intériorité de manière plus intime, plus forte, plus douce. Vous allez vous réapproprier votre corps, vous allez mieux le comprendre et donc mieux l’aimer. Vous sentirez mieux ce qui est bon pour lui et ce qui peut lui être néfaste.
Avec le temps votre corps vous paraîtra plus intime, plus sensitif, plus vivant – vibrant.
Pour ma part, je suis passé plusieurs fois très proche de ce moment où j’ai eu la sensation très nette que tout allait s’arrêter. Ce moment très particulier – différent de tout autre moment – où il y a comme une sorte d’abandon profond qui se manifeste. Une détente, l’ultime détente dans laquelle toute idée de problème disparaît. Il n’y a absolument rien à faire – et rien n’est possible d’ailleurs. Curieusement il y a aussi comme une sorte de joie. Je pense que ceci est lié à cette détente extrêmement profonde. Quelque chose lâche, dans le corps et dans l’esprit, le temps semble suspendu, flotter. Puis les bruits reviennent d’un coup, les sensations fortes et désagréables, les pensées discursives, des émotions peut-être aussi.
J’ai entendu et lu nombres de témoignages sensiblement identiques à celui-ci. Les personnes qui ont vécu ce genre d’expérience rapportent toutes que cela a changé drastiquement leur façon de vivre leur quotidien.
Je vous raconte ceci pour dire qu’il y a en nous « quelque chose » qui nous soutient, qui nous porte, qui nous rassure et que j’appelle l’élan de vie. Cette sensation nous dit que la vie est à la fois précieuse et éphémère, importante et non importante, sérieuse et non sérieuse. Le mental a du mal à saisir ces paradoxes apparents, c’est par le vécu sensoriel uniquement que cela peut être compris.
La situation de crise sanitaire actuelle nous met directement face à la précarité d’une vie que nous croyions éternelle. Mentalement nous savons que nous allons mourir, curieusement nos actes montrent que nous agissons comme si nous n’allions jamais chuter dans la tombe : nous gaspillons presque tout notre temps à nous chamailler entre amis, famille ou pays. Nous consommons des aliments et des substances que nous savons néfastes pour notre organisme. Nous essayons de maintenir en place un égo qui porte atteinte aux autres, à la planète et à nous-mêmes. Nous croyons que nous avons le temps de remettre à demain la responsabilité de nos actes.
J’espère que beaucoup d’entre nous, grâce à cette peur de souffrir/mourir - auront compris que la vie est précieuse et que nous n’avons pas le temps de mal vivre.
J’espère que beaucoup auront compris que la santé physique et psychique sont précieux et que nous n’avons pas le temps de ne pas nous en occuper.
Mais pourquoi perdre autant de temps dans des futilités comme de savoir si nous avons raison ou tort ? Observons simplement dans notre vie quotidienne quels efforts monumentaux nous déployons pour maintenir en place telle ou telle personnalité, ça sert à quoi, à qui ? Pourquoi ?
Quand je me souviens que le moment que je suis en train de vivre pourrait être le dernier – ou peu s’en faut – cela permet à beaucoup de mes peurs de s’envoler, mais sans toutefois m’abstraire de la responsabilité de mes actes, bien au contraire !
Sentir, penser et agir avec cet élan magnifie ma vie à chaque instant.
Le souvenir de ma fin potentiellement proche donne de la consistance à ma vie dans l’instant, de la force à mes actes, de l’intensité à mon plaisir, de la profondeur et de la sincérité à mes relations.
Qu’en est-il de votre expérience ou de vos idées sur ce sujet ?
Je serais heureux que nous partagions.
Christian Patouillard
Aujourd’hui c’est mon anniversaire. J’ai traverse cette pandémie sans peur de mourir et pourtant quand je lis cette article mon cœur bat très vite et je me sens fragile.
Aurai-je peur?
J’ai dans l’idée que j’ai peur de vivre plutôt que de mourir.Quoi faire de plus ?
J’ai aimé, enfanté,créé.Je n’ai rien à prouver aux autres et à moi même. La plupart des être humains que je rencontré disent le plus souvent que la vie est courte,que le temps passe vite .ce n’est pas mon avis.
quand la terreur de la mort, de l’inconnu, de la séparation me prennent aucun divertissement ne peut en venir à bout. Cela fait un bloc compact dans ma poitrine.
M’arrêter, laisser la peur m’envahir, lâcher les rênes du contrôle, respirer, sentir mon corps vivant, traverser l’angoisse, laisser les larmes couler si elles viennent, la révolte aussi …voilà ce qui m’apaise.
le souffle soulève petit à petit tranquillement mes côtes, douceur délicate et fulgurante d’être vivante et reliée